Commission Fédérale Rénovation PS Hérault

Les leçons de plusieurs succès politiques

Les leçons de plusieurs succès politiques

La politique française est traditionnellement marquée par les chocs idéologiques entre la gauche et la droite. Des oppositions entretenues et portées en filigrane par l’opposition entre les deux blocs, deux mondes[1] qui s’affrontaient sur tous les plans. Avec la chute du mur de Berlin (1989), les sociétés occidentales sont beaucoup moins portées sur l’idéologie à laquelle peu de gens finalement croient, il y a presque une volonté de s’éloigner voir de défier les formes classiques de référence en politique. En soutien à cette analyse, on peut observer que la plupart des dirigeants européens des années 60 jusqu’au années 80 était les représentants de la classe politique traditionnelle comme V. Giscard et F. Mitterrand en France, les chanceliers allemands jusqu'à E. Kohl, les premiers ministres anglais jusqu'à John Major, les présidents de conseils italiens etc.

La peopolisation de la politique est un phénomène que l’on rencontre dans toute l’Europe avec G. Schroder en Allemagne, T. Blair en Angleterre, Berlusconi en Italie et Nicolas Sarkozy en France. Dans tous les cas, l’avènement politique de ces leaders s’est fait par leur positionnement politique en rupture avec le positionnement traditionnel et leur volonté d’être toujours en phase avec l’opinion au risque de manquer de cohérence à long terme.

Cette démarche politique peut paraître à première vue incohérente, en réalité dans une société en proie au doute, sans véritable référent, confronté à une défaillance des corps intermédiaires, les hommes et les femmes sont à la recherche de la proximité. Ainsi, alors que dans les années 60, 70 et 80 il fallait dramatiser les situations à outrance pour susciter l’adhésion des individus, aujourd’hui c’est en banalisant les référents traditionnels que l’on suscite l’adhésion. Il y a comme un renversement des valeurs, par exemple la situation d’un tueur ou d’un violeur suscite plus l’attention de l’opinion publique que les souffrances de ses victimes, on comprendra plus facilement le point de vu d’un bandit que du policier qui commet une faute après plusieurs années de bons et loyaux services, le caïd de banlieue est plus adulé que le jeune du même quartier qui réussit à l’école.

Bref, par rapport à la société[2] française traditionnelle, la société moderne est caractérisée par un renversement de ses ordres de préférences. Parce que la politique c’est avant tout gérer les hommes et la cité, les partis politiques et le parti socialiste doivent s’adapter à ce renversement des ordres de valeurs.             

En France, Nicolas Sarkozy (qui use de la peopolisation par stratégie) à droite et Ségolène Royal (qui utilisait déjà la peopolisation dans les années 1992 sans succès) à gauche de manière symétrique ont été portés par l’opinion publique. Leur succès politique s’explique à notre sens en grande partie par leur capacité à épouser les représentations publiques que l’opinion veut voir de la politique. En résumé, avant c’est le politique qui créait l’opinion, aujourd’hui c’est le citoyen qui veut créer le politique par rapport à sa propre représentation. Les citoyens veulent avant tout de la proximité en politique cela se traduit d’ailleurs par le succès relatifs des élus locaux[3] auprès de l’opinion.

Au sein du parti socialiste, Ségolène Royal est la personnalité qui utilise le mieux cette proximité. Soit en sa qualité d’élu local, par sa façon d’utiliser les médias, le choix de ses thématiques de campagne ou encore l’organisation du concert au Zénith qui la rende plus proche des gens. On peut aussi observer que d’autres personnalités dans le parti comme B. Kouchner ou J. Lang ont exploité à leur époque des démarches politiques similaires à celle de Ségolène. 

D’autre part, on peut constater que la plupart des dirigeants du parti n’ont pas été formé pour faire de la politique de cette manière. La grande majorité des dirigeants du parti sont énarques, universitaires souvent anciens responsables du syndicat étudiant l’UNEF ID, la politique est perçue traditionnellement comme un rapport de force ou on déforme, on dramatise à outrance pour susciter l’adhésion. La politique est aussi conçue comme quelque chose de grave et le discours politique est codifié avec des références communes. Le politique est celui qui détient la Vérité, sa mission est de conduire le peuple sur le bon chemin en ramenant de temps en temps des brebis égarées. L’Homme politique doit être sérieux, les questions de fond sont abordées en profondeur, l’objectif est de dégager une ligne politique cohérente. Le rapport du politique au citoyen est essentiellement vertical, c’est le rapport du maître à l’élève qui doit suivre sans se poser de questions.

La parti socialiste comme les autres partis politiques est confronté à cette nouvelle configuration politique qui ne correspond plus à celle dont la plupart de ses dirigeants ont été préparé à appréhender et que la plupart de ses cadres n’ont pas été formé pour travailler dans ce contexte. La réaction de l’appareil du parti par rapport à l’émergence du phénomène Royal constitue un bon indicateur de la faculté d’adaptation du parti et de ses cadres dirigeants par rapport à la nouvelle donne politique en France.

 

                                     Jean Fernand Nguema



[1] Le monde des communistes piloté par l’URSS et le monde capitaliste piloté par les USA

[2] Essentiellement les maires



18/12/2009
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